Un parrainage élargi aux conseillers communaux et suspendu provisoirement pour la présidentielle de 2026, une réduction de 20 jours du temps écoulant entre la déclaration de candidature et le début de campagne (Réforme de l’Article 40 du Code Électoral), c’est en somme les trois grandes propositions faites par le politologue. Tout en souhaitant que l’ensemble du processus reflète « la volonté populaire », il demande expressément au chef de l’Etat de revoir de fond en comble la réforme du système électoral qui présente des risques de déstabilisation pour les futurs mandats présidentiels.
Chers concitoyens,
Je m’adresse à vous aujourd’hui avec un respect profond pour nos institutions démocratiques et pour le dialogue constructif qui est le pilier de notre nation. J’ai suivi avec un intérêt marqué les récentes déclarations de notre Président, S.E. Patrice Talon, concernant les affaires actuelles tant sur le plan national que sous-régional.
Je tiens à reconnaître l’ajustement de perspective par notre Chef de l’Etat en ce qui concerne la situation avec le Niger. Après une période d’intense activité diplomatique, il est encourageant de voir un retour vers une approche qui, je l’espère, favorisera la reprise de notre trafic portuaire et, par conséquent, le renforcement de nos recettes nationales. L’engagement du Président à travailler à la levée des sanctions inefficaces est louable et il bénéficie de mon plein soutien pour la restauration des relations bilatérales saines avec le Niger.
En matière de révision constitutionnelle, l’annonce du Président quant à sa position de non-demandeur en la matière appelle à la réflexion. Il est essentiel que toute évolution de notre loi fondamentale soit le fruit d’une large concertation, dans le respect des principes démocratiques qui nous sont chers. C’est pourquoi je souhaite attirer l’attention de notre nation sur l’importance cruciale d’un débat ouvert et transparente sur cette question d’intérêt national.
Quant à la question de parrainage pour les élections de 2026, il est impératif que le processus électoral reflète la volonté populaire, fondement incontestable de la démocratie. Dans cette optique, je propose les aménagements suivants, qui pourraient être adoptés sans nécessiter de modification constitutionnelle :
1. Réformer le Code électoral, en particulier son article 40, pour réduire le délai prévu entre la déclaration de candidature à la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) et le début de la campagne électorale, passant de cinquante à trente jours. Cela permettrait d’accorder un temps supplémentaire pour l’installation des nouveaux élus, qui pourraient alors exercer leur droit de parrainage dans des conditions sereines et sans conflit d’intérêt.
2. Établir, par le biais d’un consensus élargi incluant l’ensemble des forces politiques et la société civile, une loi complémentaire qui élargirait les prérogatives de parrainage à d’autres élus, tels que les Chefs d’arrondissement et les conseillers communaux, légitimés par leur élection dans les mêmes conditions démocratiques.
3. Instituer, toujours dans un esprit de consensus, une loi dérogatoire temporaire pour suspendre la règle de parrainage pour l’élection présidentielle de 2026, afin que le débat sur cette question puisse se poursuivre dans un climat apaisé et de confiance mutuelle, propice à la réflexion et la concertation.
Monsieur le Président,
Je me permets de souligner que la réforme du système électoral que vous avez instaurée, bien que portée par de bonnes intentions, présente des risques de déstabilisation pour les futurs mandats présidentiels, notamment à partir de 2026. Il est de notre devoir collectif de veiller à la robustesse de notre tissu politique, qui doit être à même de porter des idées claires et des projets pour l’avenir de notre pays.
Les récentes dissensions au sein de partis tels que le Bloc Républicain et l’Union Progressiste, illustrées par les cas de Madame Claudine Prudencio avec l’UDBN et de Monsieur Houngbédji avec le PRD, témoignent des vulnérabilités de la réforme actuelle. Ces événements soulignent la nécessité de réexaminer et de renforcer notre système partisan pour assurer sa cohérence et sa viabilité à long terme.
Il est impératif que nous envisagions un ordre électoral qui soutient l’efficacité gouvernementale et la stabilité. À cet égard, je propose que l’élection présidentielle précède les élections générales dans le cadre du maintien de l’année électorale. Cela permettrait d’assurer que la direction politique du pays reste alignée sur la vision présidentielle, préalablement approuvée par le peuple.
En l’absence d’une majorité parlementaire soutenant le Président, nous risquons de nous heurter à des défis d’ingouvernabilité préjudiciables à la nation. Il est donc de notre responsabilité collective, et de la vôtre en particulier en tant que Chef de l’Etat, de prendre des mesures préventives pour éviter une telle situation.
Je vous adresse ces propositions avec l’espoir qu’elles contribueront à un dialogue constructif et à des décisions éclairées pour le bien de notre pays. La stabilité politique, la clarté des idées, et la solidité des institutions sont des piliers sur lesquels repose notre avenir commun.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma haute considération et du respect que je porte à nos institutions démocratiques.
Prenez soin de vous et de notre chère nation.
Issa Richard Boni Ouorou