Redaction
( Retour des règlements de compte dans l’armée )
La mise à la retraite d’office de plusieurs fonctionnaires de l’armée, de la police, des douanes et eaux-forêts continue de susciter des remous dans l’opinion publique. Au sein de ces différents corps, c’est la psychose générale dans la mesure où l’on ne sait pas si d’autres sont encore sur une nouvelle liste.
Ça grogne au sein de l’armée, des douanes, de la police et des eaux-forêts suite à la récente décision du gouvernement du Président Patrice TALON de mettre plusieurs militaires, douaniers, policiers et forestiers à la retraite d’office après 20 ans de service. Pour les policiers, c’est la loi nº 2020-16 du 03 juillet 2020 portant statut spécial des personnels de la police républicaine qui a été appliquée. Ce sont les dispositions similaires votées à l’Assemblée Nationale à la huitième législature qui ont été mises aussi en œuvre à la douane, dans l’armée et aux eaux-forêts.
Sur la base de critères, ces fonctionnaires de police, des douanes, des eaux-forêts et de l’armée ont été ciblés quand on sait d’autres ayant déjà fait 20 ans de service ou plus n’ont pas été touchés ? C’est à ce niveau que la décision semble à une véritable politique de deux poids, deux mesures, à la lecture de l’article 167 de la loi nº2020-16 du 03 juillet 2020 portant statut spécial des personnels de la police républicaine qui est une copie collée des statuts des personnels des douanes, des eaux-forêts et de l’armée. Il stipule : « Nonobstant les limites d’âge fixées à l’article 166 de la présente loi, tout fonctionnaire de police peut exceptionnellement être mis à la retraite d’office après 20 années de service ». La mise à la retraite d’office d’un fonctionnaire de police conformément aux dispositions de l’alinéa premier est proposé par le Directeur Général de la police républicaine qui soumet à cet effet un rapport de proposition au ministre chargé de la sécurité publique en Conseil des ministres ». Ce sont des dispositions similaires qui ont été exécutés à la douane, aux eaux-forêts et dans l’armée.
Règlement de compte et politisation dans l’armée
Aujourd’hui, rien n’est plus sûr pour les agents de ces corporations après 20 ans. Il suffit que la tête d’un fonctionnaire de Police, des douanes ou des eaux-forêts ne plaise pas à un Directeur général pour qu’il soit mis à la retraite d’office avec la complicité de son ministre de tutelle. La preuve est qu’on ne sait pas sur la base de quels critères ces fonctionnaires devenus retraités de force ont été ciblés. Donc, aujourd’hui, dans l’armée et les corps paramilitaires, on peut appliquer les dispositions néfastes d’une loi aux uns et laisser les autres qui seront certainement obligés de prier Dieu et les mânes de leurs ancêtres pour y rester jusqu’à la retraite normale. Pourquoi n’a-t-on pas appliqué cette loi à tous les fonctionnaires de ces corps ayant déjà fait 20 ans dans la fonction publique ?
Dans les jours à venir, personne ne doit s’étonner de voir des douaniers, policiers, forestiers et militaires prendre des positions partisanes afin de garantir leurs survies professionnelles au-delà des 20 ans de service. Pour y arriver, il leur faudra forcément rentrer dans la mouvance pour ne pas être renvoyés d’office à la retraite. Pendant ce temps, les mal aimés ou enfants pauvres seront sur la braise. A l’allure où vont les choses, la corruption ne sera pas de trop pour rester dans les bonnes grâces du Directeur général et du ministre. Si après 20 ans de service, un douanier, un commissaire de police ou un forestier à un poste de responsabilité ne fait pas le nécessaire à la hiérarchie, il pourrait être mis à la retraite d’office. Là, on serait dans un système de marchandage de la retraite. En clair, on risque d’assister à des règles de comptes dans ces corporations avec toutes les conséquences. Le clientélisme, le régionalisme, le népotisme, l’ethnocentrisme, la haine et autres péchés d’Israël seront à la mode. Ici, les rigoureux n’auront pas de place au soleil. Ces lois semblent créer de problèmes plus qu’elles en ont résolu.
Jules Yaovi MAOUSSI
