Préoccupé et obnubilé par sa succession –encore hypothétique- en 2026, Patrice Talon travaille activement sur les options plausibles en vue de se maintenir en 2026 ou tout au moins d’être maître du jeu. Et rien n’échappe à sa détermination, même une révision controversée et risquée de la constitution.
A plus de deux ans des élections générales de 2026, les officines et hommes politiques commencent déjà à affûter leurs armes pour ce combat annoncé très fatidique. Si pour les uns, il faut tout faire, même passer par la case de la compromission, pour avoir le pouvoir, les autres n’entendent pas le perdre pour le moindre centime. En tête, de ceux-ci, le Président Patrice Talon. Le chef de l’Etat qui est préoccupé par sa succession n’a l’air de rien lâcher. Calfeutré dans son luxueux bureau du palais de la Marina rénové à prix d’or ou dans sa résidence privée, il cogite et réfléchit sur l’option qui lui sera le plus favorable pour 2026. Avec l’appui de quelques conseillers et experts, d’ici et d’ailleurs, commis pour la cause, ils peaufinent les plans afin de trouver la bonne formule pour le président. En fin de son second mandat et forclos pour la prochaine élection présidentielle, il n’est pas, entre autres formules, moins tenté par un jonglage constitutionnel qui lui ouvre les portes de la présidence pour cinq ans encore. Totalement jetés à la poubelle les promesses et engagements politiques d’un seul mandat que le chef de l’Etat agitait en son temps pour se donner bonne conscience ou pour se faire passer pour le candidat de la rupture avec les mansuétudes républicaines. Désormais, le premier cercle concentrique autour du président réfléchit à une option pour perpétuer son pouvoir au-delà de 2026. Dans cette veine, trois options se présentent au chef de l’Etat et à son staff. A côté d’une option périlleuse de révision intéressée pour se maintenir au pouvoir, il y a deux autres plus souples mais pas moins pernicieuses. La première consiste à surfer sur la maîtrise des institutions pour organiser des élections bâclées, non transparentes et tripatouiller les chiffres pour mettre au pouvoir un homme-lige du chef de l’Etat. La deuxième, plus comestible, consiste à contrôler à priori le candidat de l’opposition et en faire un « homme du pouvoir ».
Plan sibyllin
Le 27 novembre dernier, au cours du tête-à-tête entre Talon et Yayi à la présidence de la République, Patrice Talon a abordé crânement la question avec son prédécesseur. Réputé habile et futé dans les négociations, le président de la République a présenté au chef du parti Les Démocrates une proposition de révision et l’a entretenu sur le contenu et les avantages. Selon des indiscrétions, les propositions du président ont pris l’allure d’un deal entre deux hommes que de projet républicain. Ce projet se concentrerait sur deux réformes majeures. La première concerne le parrainage des candidatures pour l’élection présidentielle. A ce niveau, la réforme envisage la co-signature sur les parrainages. Contrairement à ce qui a été fait en 2021, les parrainages comporteront désormais les signatures du maire ou du député parrain en plus de celui du président de son parti. Cette réforme donne un plus de pouvoir à Joseph Djogbénou, Abdoulaye Bio Tchané, Paul Hounkpè et Boni Yayi. De ce quator, seul le président Yayi est l’élément non maîtrisé et non maîtrisable par Patrice Talon. Au cours de cet entretien, Patrice Talon a tenté de convaincre son prédécesseur pour l’accompagner dans cette aventure. Selon certaines confidences, il l’aurait entretenu du caractère avantageux de cette nouvelle révision pour lui président du parti Les Démocrates. Ce dernier se serait montré très dubitatif, réfractaire selon certains, sachant très bien que derrière ce plan et cette offre alléchante pourrait se cacher des velléités d’empereur soucieux de solidifier et de maintenir son pouvoir. Le projet ne comporte pas cette seule inquiétude. Le chef de l’Etat envisage, renseignent nos sources, de chambouler le calendrier des élections générales. Il s’agit de faire passer l’élection présidentielle comme première du lot en 2026 alors qu’elle devrait être la dernière. Selon l’agenda établi, les élections communales devraient passer en premier suivies des législatives, la réforme concoctée envisage faire passer l’élection présidentielle avec toutes les autres. Cette option offre au président Talon l’opportunité de maintenir sa famille politique intacte afin d’éviter les infidélités et les trahisons dans son camp avant cette élection. Or, lorsque les élections communales et législatives seront organisées, maires et députés une fois élus pourraient tenter d’aller ailleurs que de rester docile à la mouvance. Avec ces deux réformes en poche, Patrice Talon pourrait aborder la présidentielle avec sérénité et confiance. Seulement voila, un tel projet pourrait être un cheval de Troie utilisé juste pour lancer le débat d’une nouvelle république avec ses corollaires.