Contraints depuis les années 1990 à pratiquer la démocratie, les dirigeants africains ont galvaudé ce système politique qui marche tant bien que mal dans les pays occidentaux. Reçu ce samedi 30 septembre 2023 dans l’émission « GEOSTRATEGIES » de Radio Bénin, le philosophe politique, l’Ecrivain – essayiste et le spécialiste des relations internationales, le Père Eric Aguénounon a dévoilé les faiblesses de la démocratie en Afrique. Il a laissé entendre que la démocratie en soi à peut-être des faiblesses qui selon lui « sont des faiblesses structurantes ». Car dit-il lorsque vous mettez en place un système démocratique, c’est autour d’un peuple.
C’est pour cela que le philosophe politique a martelé qu’ «il faut que le peuple soit éduqué, formé et socialement prêt pour s’adapter et obéir à la démocratie ». « Dès que le feu rouge ne marche pas à un carrefour, vous voyez ce que ça crée ? » a –t-il déclaré avant de préciser que quand vous allez en Europe, vous serez surpris de constater que tout le monde se met spontanément en rang à la boulangerie et autres. Mais en Afrique selon le Père Aguénounon , les gens ont l’art de tricher puisqu’ils ne sont pas éduqués et formés à la démocratie alors que « c’est l’homme qui est au centre de la démocratie ».
La deuxième faiblesse de la démocratie qui selon le spécialiste des relations internationales est à la fois une faiblesse quand ce n’est pas appliqué, « c’est qu’en matière de démocratie, il y a les organes de l’Etat qui doivent marcher. Mais quand ce sont les amis du pouvoir qui sont dans les organes de l’Etat, cela ne marchera pas ». Pour lui ces organes deviennent des « lieux de manipulation de l’opinion » et du peuple. Il a révélé que lesdits organes « organisent le coup d’Etat institutionnel à tout moment ». « Vous voyez la question du 3ème mandat, vous voyez les problèmes liés aux changements, révisions des Constitutions qui sont des coups d’Etat institutionnels. On ne le dit pas souvent. Mais ce sont des coups d’Etat institutionnels » a-t-il signifié.
La 3ème faiblesse de la démocratie en Afrique relevée par le philosophe politique, c’est que la démocratie s’opère par alternance. Mais selon lui les élections en Afrique « sont des lieux de duperie » et que le président qui est au pouvoir, lorsqu’il organise les élections et les perd, les gens trouvent qu’il est « bête ». « Donc à ce niveau-là, il y a un grand problème » se désole le Père Aguénounon. Au cœur de la démocratie affirme-t-il « chez nous, c’est l’argent qui est roi » . Il a indiqué qu’en général en Afrique, c’est celui qui est le plus riche qui prend le pouvoir. Car ce dernier a fait une campagne à l’américaine en dépensant beaucoup. Aux Etats-Unis, par contre, les mobilisations de fonds sont faites par les chefs d’entreprise. En Afrique selon l’Ecrivain-Essayiste, « on ne sait pas d’où il tire l’argent » qu’il dépense. Et l’argent roi pour le philosophe politique « crée vraiment un fossé social entre pauvre et riche ». Pour lui « quand il y a un pouvoir en place, il y a tous ceux qui sont autour du pouvoir qui sont bien mais il y a la grande partie du peuple qui souffre ». « Et donc les militaires sont sensibles à cela » a –t-il lâché.