Depuis 2019 qu’il est à la tête de l’Assemblée Nationale, Louis G. Vlavonou n’a jamais pu incarner la 2è personnalité de l’Etat Béninois dans son rang et dans sa posture. Sa dévotion et sa révérence exagérée au chef de l’Etat mettent à mal l’image de l’institution de « contre pouvoir » qu’il dirige, autant qu’il le projette comme un homme-lige condamné à louanger Patrice Talon pour mériter son poste.
De mémoire de Béninois, jamais un président de l’Assemblée Nationale n’aura été aussi docile et soumis. Si le « pi-pan » entre Boni Yayi et Mathurin Nago avait résonné une note regrettable de complicité entre le chef de l’Etat et le Président de l’Assemblée, les déférences impromptues et le griotisme poussé de Louis Vlavonou envers Patrice Talon auront suffi pour sonner définitivement le glas de l’indépendance de l’Assemblée Nationale considérée- à tort peut être- comme la représentation Nationale. Cette fois-ci, la symphonie est en note soumission. Et hier vendredi 20 décembre, à la présentation du discours du chef de l’Etat sur l’état de la nation, Louis Vlavonou en aura donné toute la grandeur. Introduit par le protocole, le président de l’Assemblée Nationale devrait, selon les règles protocolaires, ouvrir la séance et donner la parole au chef de l’Etat qui prononce son discours. Au même pupitre, on a vu les présidents Houngbédji, Amoussou, Idji, Nago s’exercer au même cérémonial sans susciter autant de critiques et de hargne. Hier malheureusement, Louis Vlavonou a voulu jouer au griot. En fait, il s’agit d’une sorte d’obligation de reconnaissance à un bienfaiteur dont l’influence sur soi est forte. Une sorte de témoignage de gratitude dont il a du mal à se passer. Posture pourtant compréhensible lorsqu’on se rappelle qu’il a été imposé aux députés de la 8è législature presque désignés aux termes d’élections législatives à « guichet fermé », endeuillées par les crimes de sang et purgées de tous les partis de l’opposition. Dans un tel contexte et pour le chrétien qu’il est, Talon apparait comme un bienfaiteur, « celui par qui Dieu manifeste sa volonté dans sa vie ». On le voit complètement grisé devant la prestance présidentielle. C’est ainsi qu’il va chercher à mimer le porte parole du gouvernement en récitant comme un jeune écolier ses propos sur le chef de l’Etat à la lettre. « Avec le chef de l’Etat, rien ne se dit au hasard… », « ses propos sont recherchés »…et d’autres formules usées par le porte parole dans ses joutes oratoires. Louis Vlavonou aura fait mieux que des ministres et même des communicants zélés et payés comptants par la Marina. Et lorsqu’on a vu sa mine changer après les propos va-t-en-guerre du chef de l’Etat, il ne peut malheureusement qu’acquiescer par un rictus discret. Il n’y a pas si longtemps, à l’ouverture de la session budgétaire, il faisait un discours sur la haine et sa prolifération au sein de la République.
Crime de lèse-indépendance
Les actes et les discours de l’ex- douanier n’ont jamais changé depuis 2019. Il n’a malheureusement pas pu faire donner à l’institution son indépendance et sa souveraineté. Selon l’article 79 de la constitution, « Le Parlement est constitué par une assemblée unique dite Assemblée nationale dont les membres portent le titre de député. Il exerce le pouvoir législatif et contrôle l’action du Gouvernement ». Sous Louis Vlavonou, le rôle important qui fait de l’Assemblée Nationale l’institution de contre-pouvoir et qui vise à contrôler le parlement a presque disparu. Il n’a y presque plus de commissions parlementaires et les rares questions orales et écrites venant majoritairement des députés de l’opposition souffrent dans l’agenda parlementaire. La réforme constitutionnelle de 2019 a d’ailleurs diminué les prérogatives de contre-pouvoir de l’institution en lui arrachant le pouvoir de ratification des accords de prêt et de subvention. Louis Vlavonou ne s’en est guère plaint. Lorsqu’il affirme dans son discours que l’Assemblée est le « sanctuaire de la démocratie », il ne fait que de la phraséologie car depuis 2019, lui son premier responsable s’est toujours comporté comme le 22è ministre du gouvernement qui cherche plus à le défendre, à défendre ses intérêts politiciens qu’à représenter dignement une institution qui devrait être un rempart aux drives du pouvoir exécutif.