A moins de deux ans de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, le président Patrice Talon maintient sa politique économique et sociale pourtant décriée depuis ses années de pouvoir par les béninois. L’exclusion reste et demeure le mode de gouvernance politique sous le régime qui continue d’être réfractaire au social et le poids des multiples mesures fiscales prises empêche l’économie béninoise de respirer. Conséquence, il règne dans le pays une atmosphère à la fois tendue, inquiétante et délétère depuis plusieurs années. Malgré cette situation, les béninois se muent dans un silence de cimetière.
Mais comme le dit l’adage, l’eau stagnante est la pluie dangereuse des eaux. Aussi silencieux soit-il, le peuple béninois crie son ras-le-bol dénonçant sans se faire entendre les revers des réformes à lui imposées par le gouvernement béninois. Sur le plan économique, plus rien ne va et le panier de la ménagère a cessé d’exister. En moins de 10 ans de gouvernance, la vie est devenue si chère que le régime lui même n’arrive plus à justifier cet état de chose qui sort de l’ordinaire. Tout a doublé de prix au Bénin en moins de 10 ans. Le bidon de 25 litres d’huile de cuisine qui était à 13.500 FCFA en 2015 est passé à 36.000 FCFA en 2024. Le riz vendu à 20.000 FCFA en 2015 est à 35.000FCFA en 2024. L’essence Kpayo qui désert plus de 80% des usagers autrefois vendue à 350 FCFA le litre en 2015 est passé à 650 FCFA voire plus aujourd’hui. Le Kilogramme de sucre de 350 FCFA en 2015 est à 700 FCFA en 2024 au Bénin. Le Kwh de l’électricité qui était à 106 FCFA en 2015 est passé à 146 FCFA en 2024.
Par contre, les emplois sont supprimés à la Sonapra, la Sobemap, l’Onasa, la Cnman, le Cncb, l’Anatt, l’Arcep Bénin, Libercom, Bbcom, Glo Mibile Bénin, etc. Ceux qui sont recrutés comme professeur en 2015 avec un salaire de 125.000 FCFA et qui ont eu d’avancement et sursalaire sont aujourd’hui à 160.000 FCFA mais, les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) sont à 115.000 FCFA sans avancement depuis 5 ans.Les indiens payaient jusqu’à 400 FCFA le kilogramme de soja, mais la rupture l’achète à 270 FCFA pendant qu’au Togo voisin, c’est au double de ce prix que le produit est vendu ou acheté. Malgré tout ceci, le peuple béninois est resté pacifique, calme, silencieux et très observateur. Le béninois est informé de tout sans faire du bruit sauf sur les réseaux sociaux. Au pays de la rupture, le social n’a pas droit de cité. C’est sous ce régime que les évacuations sanitaires sont supprimées. Dans les hôpitaux, les dyalisés crient au secours sans que l’Etat décide véritablement de satisfaire à leur doléance en rendant gratuite leur prise en charge. Encore là, les béninois comptent leurs morts sans voie de recours et sans voix de défense. Ils avaient été cassés et déguerpis des abords des voies. Ils avaient été expropriés à plusieurs reprises et à plusieurs endroits du territoire national sans être véritablement dédommagés. Mais ils n’ont rien dit là également. Peuple pacifique, il a été témoin impuissant des malheureux événements qui ont caractérisé leurs votes en 2019, 2020, 2021 et 2023. A chacune de ces tournants décisifs de leur vie, les béninois sont restés calmes malgré la souffrance qu’on lui infligeait.
Mais le silence des béninois est-il un boulevard sur lequel Talon doit rouler sans précaution et sans s’inquiéter ?
Ne dit-on pas que le calme précède la tempête ? Une chose est certaine, le président Patrice Talon connait le Bénin et surtout sait, comme le dit l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, que le propriétaire du fauteuil présidentiel, c’est le peuple. Lequel peuple il doit ménager sur tous les plans afin de sortir par la grande porte comme ses prédécesseurs, notamment les présidents Boni Yayi et Nicéphore Dieudonné Soglo. Le Bénin fait partie des pays les plus pacifiques du continent africain et faisait partie aussi des nations à démocratie exemplaire. Laquelle démocratie, selon l’ancien président de la cour suprême Ousmane Batoko, ne respire pas. Pour le Secrétaire à la jeunesse et aux sports du parti Les Démocrates, Karim Goundi, toutes les vannes devant permettre à la démocratie béninoise de respirer sont bouchées.
En matière de sécurité, les béninois surtout de la zone septentrionale du pays vivent dans la peur du fait des terroristes qui tuent sans ménagement. La justice n’est plus juste, selon le parti Les Démocrates. Le Bénin compte plus de 300 exilés politiques et nombreux sont ces béninois qui croupissent encore en prison du fait de la politique. Des situations qui apparemment n’émeuvent point les béninois mais dont l’absurde silence devraient s’inquiéter le chef de l’État béninois qui a intérêt à ramener la balle à terre pour baisser d’un cran le niveau du mercure du thermomètre pour lui éviter de s’exploser.