Dans ce second article, le politologue Mathias Hounkpè revient sur les décès de chefs d’Etat au pouvoir et les opportunités d’alternance qu’ils offrent. Lisez.
Les présidents qui décèdent au pouvoir, après moins de dix ans de règne.
Dans le papier précédent, j’ai examiné le cas des présidents qui quittent volontairement le pouvoir, à l’issue d’un long règne (de plus de 10 ans). Dans celui-ci, je voudrais me pencher sur le cas des Présidents dont le profil, particulier, permet d’identifier quelques facteurs qui pourraient contribuer à des transitions pacifiques et régulières, c’est-à-dire conformes aux règles établies, après le décès d’un chef d’Etat. De façon plus précise, il s’agit, ici, de présidents qui remplissent les conditions suivantes. Ils dirigent des pays qui ont déjà connu une alternance (un changement de président de la République) par élection. Ils ont, eux-mêmes, été élus présidents de la République. Ils n’ont pas encore totalisé dix ans au pouvoir, étant donc à leur premier ou deuxième mandat ; et ils n’ont pas été assassinés (i.e. qu’ils sont décédés au pouvoir, certes, mais de mort naturelle ou par maladie).A titre d’exemple, on peut citer les cas des présidents Levy Mwanawasa (2002-2008) et Michael Sata de la Zambie morts, respectivement, après 6 ans et 3 ans au pouvoir. L’on peut citer également les cas des présidents Umaru Musa Yar’Adua (2007-2010) du Nigéria et Bingu Wa Mutharika (2004-2012) du Malawi disparus après, respectivement, 3 ans et 8 ans de pouvoir. Enfin, on peut encore mentionner les cas des présidents John Atta Mills (2009-2012) du Ghana, John Magufuli (2015-2021) de la Tanzanie et Hage Geingob (2015-2024) de la Namibie, décédés après, respectivement, 3 ans, 6 ans et 9 ans au pouvoir. Lorsque l’on considère la catégorie spécifique des présidents remplissant les conditions mentionnées plus haut, le constat est très clair. Dans la quasi-totalité des cas, contrairement à ce qui a été observé dans le cas des présidents qui meurent au pouvoir après plus de 10 ans de règne, les procédures prévues par les constitutions sont respectées et les transitions s’effectuent sans la moindre anicroche. Mieux, ces pays continuent, jusqu’à présent, bon an mal an, leur petit bonhomme de chemin vers les rivages des démocraties consolidées. Tout comme si le fait d’avoir eu une alternance immédiatement avant augmentait la chance que la transition après le décès d’un président en exercice se déroule conformément aux procédures légales.
A Suivre …
Mathias HOUNKPE