Le samedi 7 septembre 2018 au cours d’une de mes gardes, j’entends un vrombissement d’un véhicule qui sort de l’ordinaire dans lequel nous voyons une femme enceinte allongée. Les mains tendues en l’air comme si elle implore le secours de son Dieu. Cette scène accompagnée des bruits des parents interpelle la patiente inconsciente. Cette dernière regimbe comme si elle veut nous faire part du mal qu’elle souffle. Cette image a fait courir tout le monde. Alertée par le personnel de garde, je quitte précipitamment ma salle de consultation et je me suis dirigée vers le véhicule où se trouve la malade donc la conscience n’est pas claire. Je demande immédiatement le carnet de suivi de cette dernière qui m’a été remise par un homme grand, bien habillé parlant un français clair et nette à comprendre et ayant un langage très courtois qui semble être inquiète. Le seul mot qui sort de sa bouche est : « sauvez-là, c’est ma femme, c’est ma vie, sans elle le monde n’existe pas. ». Je conduis directement la patiente urgemment en salle de dilation où se trouvent tous mes supérieurs hiérarchiques. Très vite, un attroupement de médecins, de sages-femmes et d’aide-soignants est observé. Chacun s’active pour porter son savoir-faire afin de sauver cette dernière. La trousse d’urgence est ouverte instantanément et les produits de sauvetage nous ont été remis. L’abord veineux est pris et on administre dans les grandes veines de notre hôte un produit qui l’a ramené de la mort à la vie. Toute cette scène s’est déroulée au bout de dix minutes. La malade stabilisée, semble retrouvée son calme. Elle ouvre ses yeux et nous demande pourquoi elle est allongée sur ce brancard. Je quitte la salle où est notre malade vers les urgences où se trouvent des membres de sa famille. Lorsqu’ils ont vu ma silhouette se dessiner, une grande troupe de personnes m’entoure voulant acquérir des nouvelles de leur parent. J’ouvre la bouche en les rassurant qu’elle a repris conscience mais qu’elle est aux soins. Rassurés par la nouvelle, les parents de la patiente se dispersent sur les instructions d’un agent de sécurité. Ce dernier les oblige à libérer l’entrée principale qui sert de passage entre la salle de dilatation et les urgences. Il leur donne l’ordre de me laisser passer afin que je puisse finir mon travail. Tout le monde a obtempéré et je pars dans ma salle de consultation. Je suis toute heureuse d’avoir sauvé une vie. Après j’informe le mari sur ce qui est à la base du mal de sa femme. L’une des parentés m’a fait part avec précision de son côté de la circonstance de la maladie. Dans la foulée, je prends congé d’elle.
Voilà une histoire qui nous relate une complication de l’hypertension artérielle chez une femme enceinte.
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
En générale, l’hypertension artérielle (HTA) correspond à une augmentation anormale de la pression du sang sur la paroi des artères. Aussi elle est une maladie caractérisée par une pression artérielle trop élevée. Cette dernière est la résultante physique de l’éjection du sang par le cœur dans les vaisseaux sanguins. Elle s’exerce sur les parois vasculaires. Quant à l’hypertension artérielle gravidique (femme enceinte), elle est une élévation anormale de la pression artérielle au cours de la grossesse. Son diagnostic précoce et son traitement préviennent l’arrivée d’une pré éclampsie.
Qu’est ce qui provoque l’hypertension artérielle pendant la grossesse ?
L’hypertension artérielle gravidique survient aux vingtièmes semaines de la grossesse soit après quatre mois de la grossesse. Elle est due à une anomalie des vaisseaux sanguins du placenta. Il peut y avoir une perte ou non de protéine dans les urines. Ce qui est contraire à la prééclampsie.
Qu’est–ce qui sont les signes annonciateurs de l’hypertension artérielle chez la femme enceinte ?
Les maux de tête, le bourdonnement ou tintement dans les oreilles (On entend le bourdonnement des mouches dans ses oreilles alors qu’il n’en a pas), les nausées excessives ou vomissement ainsi que l’essoufflement, les douleurs abdominales, la vision brouillée ou floue, la douleur épigastrique en barre. A l’apparition de l’un quelconque de ses symptômes chez la femme enceinte, il faut se rendre dans un centre de santé pour une prise en charge.
Conséquences de l’hypertension artérielle chez la femme enceinte
La haute pression artérielle peut nuire à la circulation des nutriments dans le placenta. Ce qui peut ralentir la croissance du bébé. La non prise en charge peut se compliquer à une prééclampsie. Cela peut conduire au décollement du placenta et déclencher un accouchement avant terme. Nous pouvons avoir un accident cardio-vasculaire cérébral (AVC), la cardiopathie ischémique (angine de poitrine, infarctus du myocarde) et l’artériopathie des membres inférieurs.
Conseils et traitement l’hypertension artérielle chez la femme enceinte
La femme enceinte doit vivre sa grossesse dans un environnement sain (sans aucun problème lié aux tensions), éviter la prise de poids, adopter une alimentation équilibrée et variée, faire le sport (activité physique chaque jour comme marcher ou nager), éviter de fumer et de boire de l’alcool, boire beaucoup d’eau tout au long de la journée et fermer les yeux pendant quelques minutes. Aussi, la consommation du sel faible peut aider à réduire la tension artérielle,
Le traitement se fait à base des produits hypertenseurs et des bilans prescrites par un argent assermenté. Les femmes enceintes doivent être présentes à chaque consultation prénatale afin de découvrir et de prendre en charge immédiatement la complication d’hypertension artérielle qui est la prééclampsie et l’éclampsie. Le diagnostic précoce permet une meilleure prise en charge afin d’éviter le décès de la mère.
Eve Mireille AFFANOU
Sage-femme diplômée d’Etat / Echographiste
Déléguée du personnel du CHU -MEL