Mercredi 13 mars, l’opposition béninoise a animé au Chant d’Oiseau de Cotonou une conférence contre le code électoral voté le 05 mars dernier au parlement. Au cours de cette conférence, l’opposition élargie à des hommes de droit et des organisations de la société civile a dénoncé un « système électoral privatisé ».
A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. L’opposition béninoise qui a affiché depuis des années des dissensions a réussi une première fois à s’entendre autour du Code Electoral. Mercredi 13 mars, Les Démocrates, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent(FCBE), le Mouvement Populaire de Libération(MPL), la Grande Solidarité Républicaine(GSR) et la Nouvelle Force Nationale(NFN) ont uni leurs voix pour mieux se faire entendre. Et ceci à travers une déclaration lue par l’honorable Guy Dossou Mitokpè, responsable à la communication et porte parole du parti Les Démocrates flanqué pour la circonstance de Billy Hounmassè du MPL, l’honorable Nourenou Atchadé des Démocrates, Appolinaire Avognon du NFN, Antoine Guédou du GSR et Alain Adihou des FCBE, Me Renaud Agbodjo et d’Andoche Amègnissè de la société civile. Dans cette déclaration, l’opposition dénonce un code voté en représailles au rejet de son projet de révision de la constitution.« La majorité mécanique, dans son élan vindicatif et fidèle à ses promesses de représailles ne s’est pas seulement contentée d’accéder aux prescriptions de la Cour Constitutionnelle, elle a décidé de forcer à l’accès les conditions de candidature et d’éligibilité déjà difficiles pour les partis politiques. La preuve, les dispositions en vigueur n’ont laissé filtrer que trois partis politiques à l’Assemblée Nationale sur la quinzaine légalement constituée. Que recherche-t-on alors si ce n’est que d’honorer une récente promesse faite au sein même de l’hémicycle de disposer de la totalité des élus par une seule et même obédience politique. Eh oui, ils l’ont dit, ils l’ont promis, ils tentent de le faire. Je chasserai de ce parlement les députés LD et entre griffes BR. Et pour ne pas nous offrir un spectacle fratricide, ils ont finalement trouvé la parade pour repêcher l’autre frère à travers ce qu’ils appellent pompeusement accord de coalition parlementaire qui s’assimile à tout point de vue à une alliance politique pourtant prohibé par leur propre texte. Cet accord de gouvernance est une fraude institutionnalisée en ce qu’il pourrait exclure à l’attribution des sièges un parti qui arrive en première position au plan national. Tout ceci confirme qu’après l’impérialisme électoral des années 1960, nous assistons depuis 2016 à un système électoral privatisé. Les élections sont remportées avant même le vote. Il n’agit plus d’une compétition entre candidats, non plus entre partis porteurs d’offres politiques différents mais plutôt un rituel de légitimation du parti unique au pouvoir. Nous ne sommes contre personne. Nous sommes pour la démocratie et contre l’exclusion et la tricherie électorale », déplore l’opposition qui ajoute : « Ce sont des violeurs nés. Ils nous ont toujours bluffés. Ils ne sont en rien des compétiteurs-nés. Ils sont des menteurs-nés, des manipulateurs nés, des tricheurs-nés, des violeurs-nés ».
Pour finir, l’opposition prend à témoin l’opinion nationale et internationale et invite les institutions internationales comme la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations Unies à se préoccuper du coup d’Etat institutionnel en préparation au Bénin. L’opposition invite aussi le peuple béninois à se mobiliser et « se tenir prêt pour défendre la démocratie des mains de ses prédateurs ».