De plus en plus de citoyens béninois dénoncent les fautes grossières commises par les agents de l’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP) lors de l’établissement ou de la délivrance des actes d’état civil. Entre abréviations hasardeuses, omissions inquiétantes et lenteurs administratives, ces erreurs matérielles coûtent chères aux usagers, compromettent leurs démarches et entachent la crédibilité de l’institution.
Créée pour centraliser et fiabiliser les données d’identification des citoyens, l’ANIP a la lourde responsabilité d’émettre des actes d’état civil sécurisés. Mais dans la pratique, de nombreux usagers vivent un véritable calvaire face aux erreurs récurrentes. À chaque raté, c’est le citoyen qui paye le prix fort : perte de temps, nouvelles dépenses et parfois des opportunités gâchées.
En effet, le premier exemple en dit long sur le manque de rigueur. Un citoyen, sous couvert d’anonymat, raconte avoir sollicité le Certificat d’identification personnelle (CIP) de son enfant. À sa grande surprise, le prénom de son épouse, Marie Hermine, a été réduit à Marie H.. Une abréviation incompréhensible, puisque ce “H.” aurait pu désigner n’importe quel autre prénom (Henriette, Honorine, etc.). Pire encore, l’enfant, pourtant doté de trois prénoms, n’en a vu figurer qu’un seul sur le document. Et le résultat est que le dossier de demande de passeport de l’enfant a été rejeté à l’immigration, plongeant la famille dans des démarches sans fin.
L’autre cas tout aussi aberrant concerne une citoyenne béninoise qui a vu son dossier de passeport rejeté parce que, dans son CIP, l’agent de l’ANIP a confondu la ville de naissance avec le nom d’un simple quartier. Une erreur qui aurait pu être évitée avec un minimum de vérification. Conséquence directe : elle a dû tout reprendre à zéro, avec les dépenses et retards que cela implique.
Les dysfonctionnements ne s’arrêtent pas là. Monsieur T. Sylver, après avoir demandé et reçu un acte de naissance sécurisé en ligne, a constaté avec stupéfaction que les rubriques réservées au nom de son père, de sa mère et même sa profession étaient laissées vides. Comment un document supposé authentifier son identité peut-il comporter de telles lacunes ? Ces omissions, loin d’être anodines, peuvent compliquer considérablement des démarches officielles ou administratives.
Quand l’attente vire à l’absurde
Le cas d’un autre citoyen est révélateur du manque de réactivité de l’ANIP. Soucieux d’intégrer son enfant né après le Recensement administratif à vocation d’identification de la population (RAVIP), il adresse une requête à l’agence dès le mois de mai 2025. Ce n’est que trois mois plus tard, en août, qu’il reçoit une réponse, se résumant à de simples excuses et à des indications à suivre. Pendant ce temps, les démarches du parent sont restées bloquées, alors qu’il s’agissait d’une question pourtant basique d’enregistrement d’enfant.
Au-delà des désagréments, le problème le plus révoltant reste la double peine imposée aux usagers. Car à chaque erreur de l’ANIP, c’est encore le citoyen qui doit payer à nouveau pour obtenir la rectification de son document. Une situation qualifiée d’“aberrante” par plusieurs témoins, qui y voient une forme d’amateurisme nuisible et injuste.
Revoir la copie, une urgence pour l’ANIP
Ces cas, loin d’être isolés, traduisent une legèreté dans le traitement des actes d’état civil. L’ANIP, censée sécuriser et fiabiliser les documents d’identité, se retrouve régulièrement au banc des accusés pour ses erreurs matérielles. Dans un contexte où l’obtention d’un passeport ou d’un document officiel est souvent urgente, notamment pour les citoyens de la diaspora, ces ratés sont tout simplement inacceptables.
Il est donc impératif que l’ANIP revoie sa copie avec plus de rigueur dans la saisie, le contrôle strict des informations avant validation, l’interdiction des abréviations fantaisistes et surtout, la mise en place de procédures internes pour corriger gratuitement les fautes commises par ses propres agents. Tant que ces corrections ne seront pas apportées, l’ANIP continuera de faire perdre du temps et de l’argent aux Béninois, au détriment de la confiance que devrait inspirer une institution de cette envergure.
Gildas AHOGNI