Quelques jours après l’annonce de leur adhésion à la plus grande formation de l’opposition Les Démocrates après leur démission du parti Force Cauri pour un Bénin Émergent, huit conseillers communaux de la ville de Kandi ont perdu leur mandat à la suite d’un vote de défiance tenue le 27 août 2025. Si certains trouvent une légalité dans cette action, cela soulève toutefois un problème d’usage abusif de la loi à des fins d’intérêts personnels ou d’un groupe.
Les huit acteurs politiques ayant quitté la barque du parti Force Cauri pour un Bénin Émergent au profit de la formation politique Les Démocrates ne sont plus membres du Conseil communal de Kandi. Il s’agit du premier adjoint au maire, Séidou Abdouwahabou, des chefs d’arrondissement de Kandi 3, Imorou F. Moustapha, de Dowari, Tamou Bagri Gounou Charles, d’Angaradébou, Salifou Raoufou et de Sam, Kora Gounou Idrissou. En dehors d’eux, trois présidents de commissions communales ont été également destitués dont Adamou N’daye Ibrahim en charge des Affaires Sociales, Sportives et Culturelles, Bogo Béré Thomas chargé de la Coopération et des Relations institutionnelles et Doti Sanda qui occupe le portefeuille des Affaires Économiques et Financières. Leur destitution a été approuvée au terme d’un vote de défiance par les seize conseillers du parti Union progressiste le Renouveau, deux du parti Fcbe et le seul du Bloc républicain soit au total 19 conseillers sur les 29 que compte le Conseil. Dans le rang du parti de Paul Hounkpê, les indiscrétions ont confié que ce vote a été demandé pour sanctionner des « élus qui ont trahi leur engagement initial » conformément à la loi sur la Charte des partis politiques.
Pour les responsables, rien ne saurait justifier le maintien des conseillers démissionnaires dans leur qualité, après leur départ de la Fcbe parti sous la bannière duquel, ils ont été élus. Cette situation bien que normale et légale suscite moult interrogations. Quels sont les intérêts visés par les conseillers de la mouvance en votant pour une destitution de leurs pairs démissionnaires d’un parti politique de l’opposition? Voteraient-ils de la même manière si les conseillers démissionnaires adhéraient à un parti de la mouvance présidentielle? Pour des avertis, les données seront différentes si ces conseillers intègrent l’Union progressiste le Renouveau ou le Bloc républicain. Le vote de défiance, autrefois considéré comme un outil pour sanctionner la mauvaise gestion, est devenu aujourd’hui un instrument de règlement de compte mettant en mal la cohésion démocratique, le militantisme et la liberté du choix politique.
Les ex-conseillers très confiants malgré la destitution
Accordant une interview à la presse locale quelques heures après leur déchéance, le premier adjoint au maire de Kandi, Séidou Abdouwahabou, au nom de ses pairs, dit avoir simplement écouté sa base en rejoignant le parti Les démocrates. « Lorsque vous êtes élu et vous ne pouvez pas être en mesure d’écouter votre base, vous serez surpris par le temps. Nous on a la chance de suivre attentivement ce qui se dit à la base et nous avons pris une décision responsable, nous l’assumons jusqu’au bout. Nous avons décidé à un moment de dire non parce que le oui n’était pas possible », a-t-il confié. A l’en croire, les populations qui n’ont pas pu vendre les stocks font objet de poursuite judiciaire de la part des institutions de microfinance. « Voulez-vous que j’applaudisse les actions de ce régime qui, à cause de son arrogance, n’a pas pu négocier l’ouverture des frontières? », s’est-il interrogé tout en se réjouissant du motif de leur destitution qui n’est pas basé sur une situation de malversation ou de mauvaise gestion. Tout en remerciant les uns et les autres, Séidou Abdouwahabou ont souhaité que les destitutions commencent par les premiers démissionnaires. Au vu de toutes ces déclarations, il est davantage clair que les démissions des huit conseillers sont motivées et répondent à une question d’idéologie contrairement à ce que pensent les hommes de la mouvance. Ces ralliements traduisent une recomposition politique en cours dans une région très stratégique qui renforce la présence remarquable du parti Les Démocrates sur l’échiquier local.
Issa Salifou inquiet face à la reconfiguration du paysage politique
Dans une vidéo publiée sur Facebook, le député Issa Salifou pointe du doigt le camp de l’opposition comme étant responsable de ces situations de débauchage observées à la veille des élections générales de 2026. « C’est à croire que le président Yayi Boni n’a pas tiré leçon du passé. Le système de débauchage ne lui apportera rien », a-t-il laissé entendre. Pour ceux qui connaissent l’homme, ils diront qu’il ne fait que prêter pour sa cathédrale. Pour preuve, dans la première circonscription électorale dans laquelle il est élu député depuis plusieurs mandatures, Kandi est la commune qui lui permet d’avoir un grand électorat. L’ancien président du G13 en traitant les conseillers communaux démissionnaires de mini-fretins ne fait qu’exprimer sa rage envers eux en raison de ses intérêts personnels et de ses calculs qui sont désormais faussés. C’est une manière pour le député membre de l’Up le Renouveau d’étaler sa crainte de voir sa popularité s’amoindrir, ce qui mettrait en mal ses chances de réélection s’il se retrouvait sur la liste des législatives.
Mohamed Yèkini