À la suite des manifestations de juin 2025 à Lomé, seize avocats africains réunis au sein du Groupe d’Intervention Judiciaire (GIJ) ont décidé d’engager des poursuites contre l’État togolais. Leur rapport fait état de tortures, d’arrestations arbitraires et de décès suspects, et appelle à une mobilisation judiciaire nationale et internationale.
Le Groupe d’Intervention Judiciaire (GIJ) de SOS-Torture Africa a publié un rapport accablant sur les événements tragiques qui ont secoué le Togo en juin 2025. Selon ce document, 21 cas de torture ont été recensés, accompagnés de plus de 100 arrestations arbitraires et de plusieurs décès jugés suspects. Les avocats dénoncent des violations graves du droit à la vie, des actes de violence systématiques et des traitements inhumains infligés à des manifestants pacifiques. Face à l’ampleur de ces abus, seize avocats issus de treize pays africains ont décidé d’engager des poursuites judiciaires au niveau national et international afin de briser le cycle de l’impunité.
Les faits remontent aux manifestations organisées les 5, 6, 26, 27 et 28 juin 2025 à Lomé et dans plusieurs quartiers périphériques. Ces mobilisations, initiées par le Mouvement du 6 juin (M66), s’opposaient à une révision constitutionnelle controversée et réclamaient davantage de libertés démocratiques. La réponse des forces de sécurité a été d’une rare brutalité : usage disproportionné de la force, arrestations nocturnes sans mandat, interventions de milices armées et exécutions sommaires présumées. Plusieurs corps de jeunes ont été retrouvés dans des lagunes et des lacs, alimentant les soupçons de violations graves des droits humains. Des témoignages évoquent également des tortures physiques et psychologiques, confirmées par des certificats médicaux.
Créé à l’initiative du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) et de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), le GIJ se veut une plateforme panafricaine de lutte contre les crimes de torture et d’impunité.La création du GIJ illustre une solidarité panafricaine qui unit des avocats venus d’Afrique de l’Ouest, du Maghreb, d’Afrique centrale et des Grands Lacs pour lutter contre la torture et l’impunité. Les signataires, originaires de treize pays dont le Tchad, la Côte d’Ivoire, l’Algérie, la RDC, le Cameroun, la Tunisie, le Burkina Faso, le Bénin, le Niger, le Burundi, le Congo et le Togo, soulignent la portée continentale de cet appel à la justice.
Ezéchiel Dagbégnon PADONOU