A quelques mois des élections générales de 2026, les conseillers communaux de la commune de Porto-Novo ne sont pas en odeur de sainteté avec la maire. La pomme de discorde est la non-adhésion de certains conseillers au projet d’achat d’une niveleuse au profit de la commune soutenu par le maire Charlemagne Yankoty. Une guerre des clans s’annonce donc entre les alliés du pouvoir.
La cohésion a déserté le forum dans le camp de la mouvance en ces veilles des élections générales de 2026. Au sein du conseil communal de Porto-Novo, les élus communaux s’adonnent à une bataille entre deux camps dont l’un dirigé par le maire Charlemagne Yankoty et l’autre par Séraphin Sodjinou, conseiller municipal et président de la Commission des finances. En effet, le Conseil communal de Porto-Novo a tenu, jeudi dernier,sa 4è session extraordinaire avec en premier point à l’ordre du jour, l’étude et la validation de la communication relative à l’affectation du résultat issu de la gestion budgétaire 2024. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’annonce du décaissement des fonds pour l’achat d’une niveleuse par l’édile. Plusieurs voix se sont opposées à ce projet. Le camp composé des conseillers Romulus Biokou, Séraphin Sodjinou et Gilbert Houssouont, de leur côté, exprimé leur refus vis-à-vis de cette option prise par le maire et ses alliés. Face à l’insistance du maire de continuer sur sa lancée, le camp des conseillers communaux dissidents a vidé la salle pour ne pas donner leur aval à ce projet, qui selon eux, ne répond pas non seulement, aux attentes des administrés, mais aussi ne contribue pas à la prise en compte des doléances des travailleurs de la mairie qui ont des impayés de salaire après la revalorisation.
Le maire accuse …
Selon Charlemagne Yankoty, maire de la commune de Porto-Novo, cette crise observée au cours de la session extraordinaire est la résultante des attitudes de certains membres de son Conseil municipal qui manipulent les travailleurs de son administration à des fins politiciennes. A l’en croire, au niveau de la Commune, il y a eu récemment desremue-ménagesrelatives aux travailleurs qui s’avèrent être une incompréhension de leur part, car ces derniers ont fini par comprendre qu’ils avaient des droits déjà prévus pour être réglés. « Mais, il y a certains d’entre eux qui se laissent manipuler par certains conseillers qui peut-être leur miroitent un soutien que je ne sais pas », a lancé Charlemagne Yankoty tout en soutenant que les frondeurs font croire de ne pas répondre favorablement aux revendications des travailleurs de la municipalité surtout par rapport à leurs dettes.. Au dire de l’édile, en Conseil, il a été reconnu d’acheter une niveleusedans le cadre du projet de développement de la ville parce que les engins disponibles sont complètement amortis. « Face à cette situation au regard du coût de location d’une niveleuse qui tourne autour de 300 000 à 400 000 francs Cfa par jour, il faut changer la donne, parce que nous avons un réseau routier qui est à 80% en terre. Ce réseau a besoin d’entretien. Chaque fois après la pluie, nous constatons vraiment que nos populations souffrent énormément et elles ne cessent de nous solliciter pour l’aménagement des voies. Donc, après un diagnostic au début de notre mandature, on avait retenu le principe d’acheter une niveleuse…», s’est justifié Charlemagne Yankoty pour défendre son projet d’acquisition d’engin.
Le camp des dissidents réagit…
Pointés du doigt dans la crise qui secoue le Conseil communal, les élus qui sont en désaccord avec le maire n’ont pas tardé à réagir. Accusé de vouloir intoxiquer les populations et de manipuler les travailleurs, le conseiller municipal Séraphin Sodjinou, l’un des frondeurs et président de la Commission des financesa évoqué les raisons qui sous-tendent leur position. Pour l’élu du parti Union progressiste le Renouveau, leur intention n’est nullement de bloquer le progrès tel que stipulé par le maire, mais de s’assurer que chaque franc dépensé sert au mieux les intérêts des concitoyens. Dans sa volonté de rétablir les faits, le conseiller a fait comprendre que leur désintérêt pour le décaissement des fonds pour l’acquisition de la niveleuse s’explique par plusieurs facteurs. Il s’agit, selon lui, de la non-connaissance ni du coût final, ni des spécifications techniques de la niveleuse.« L’année dernière, nous avons tous donné notre accord de principe pour l’achat d’une niveleuse, et un premier acompte de 150 millions de francs Cfa a été versé. Cependant, les informations nous font toujours défaut. On nous a simplement répondu que nous allions acheter la même machine que Cotonou et Sèmè-Podji », a laissé entendre le président de la commission des finances tout en insistant sur la nature différente des sols dans les trois villes. C’est donc ce qui justifie sa proposition alternative consistant à utiliser les 150 millions de francs Cfapour financer des projets d’assainissement immédiats et de payer la troisième tranche des dettes salariales des travailleurs s’élevant à 40 millions de francs Cfa au lieu de verser tout le complément pour l’achat d’une machine par l’Agence de Gestion des Lots d’Ouvrages. Par ailleurs, le gouvernement a autorisé la réutilisation des pavés de récupération issus des travaux d’asphaltage en cours. Ils peuvent donc être exploités pour l’aménagement des rues. « Cette proposition, pourtant pleine de bon sens, nous a valu des invectives, des menaces et des intimidations. On nous a même accusés de bloquer le travail du Conseil, tout en nous transmettant la communication le jeudi 07 août au soir pour études et avis au plus tard le vendredi 08 en flagrante violation des textes qui prévoient un délai de 72 heures », a déploré le conseiller communal. Pour finir, Séraphin Sodjinou a suggéré de venu de privilégier des actions concrètes et immédiates, plutôt que d’acheter un engin dont le délai de livraison reste incertain.
Les dessous d’une crise interne au sein de la mouvance à Porto-Novo
Communications par médias interposés, campagne de dénigrement, accusations, invectives, sabotages, interventions des forces de l’ordre en pleine session… Ce sont les conséquences directes de la crise entre le camp du maire Charlemagne Yankoty et l’autre camp composé de trois conseillers communaux, de l’Union progressiste le Renouveau et du Bloc républicain. La guerre entre les protagonistes autrefois cachée a été dévoilée à la face du monde le jeudi dernier lors de la 4ème session extraordinaire. Elle ne fait que mettre en lumière cette guéguerre interne qui, selon les indiscrétions, secouent depuis quelques mois les responsables du parti présidé par Joseph Djogbénou dans la ville aux trois noms. Toutes les tentatives de réconciliation ont été vaines, chaque camp œuvrant pour ses intérêts politiciens. Pour Charlemagne Yankoty et ses alliés, le camp des conseillers dissidents Romulus Biokou, Séraphin Sodjinou et Gilbert Houssou utilisent les travailleurs à des fins de manipulation pour peindre en noir tous les efforts fournis au cours de sa mandature. Pour l’autorité communale, ils bloquent les actions de développement. De l’autre côté, le trio pense que le maire ne fait preuve ni de cohérence budgétaire, ni de justice sociale en n’étant pas à l’écoute des travailleurs municipaux, car pendant qu’il parle d’engin de développement, les agents municipaux attendent encore le paiement de leurs dettes salariales. Ces diverses accusations ne font que mettre en mal la cohésion au sein du groupe, toute chose qui était prévisible en fin de mandature à cause des ambitions politiques des uns et des autres. Cette crise à Porto-Novo n’est qu’une infirme partie de celle qui secoue les partis politique de la mouvance notamment l’Union progressiste le Renouveau qui enregistre de nombreuses démissions ces dernières semaines. A cette allure, la grosse interrogation se trouve au niveau du mot d’ordre donné aux mandants à quelques semaines des élections générales qui seront de grands moments au cours desquels la popularité et l’hégémonie des partis politiques seront mis à l’épreuve. Les hautes instances de décision des partis Union progressiste le Renouveau et Bloc républicain ont du pain sur la planche.
Mohamed Yèkini