Représentante de l’association culturelle et technique d’Italie dans la ville de Brescia, Mme. Francesca Nocivelli était au Bénin dans le cadre d’une exposition des œuvres d’art contemporain du grand artiste Italien, Giordano Garuti. A ses côtés, Mme. Nelli Bonati y était afin de vivre cet évènement atypique qui célébrait autrement Giordano Garuti. A travers cet entretien, elle retrace comment est né le partenariat avec la fondation Zinkpè, leur implication dans le processus de la construction du musée ‘’La termitière’’ de lieu Unik d’Abomey et ses impressions au terme de son séjour au Bénin.
Quel était le déclic de votre partenariat avec la fondation Zinkpè ?
« En réalité, c’est tout un processus. Cela remonte avant la Covid 19. Grâce à Madame Nelli Bonati, j’ai connu monsieur Giordano Garuti. Donc on est devenu très amis.Et monsieur Garutti à l’époque, nous avait confiés avec Nelli de faire une exposition avec une partie de sa collection de sculptures africaines. Donc on a recherché, etc. Et à la fin on est arrivé à faire dans le château de Padernello, à côté de Brescia.On a réussi à monter une exposition. C’est arrivé jusqu’au temps de la Covid 19. Donc on a eu pas mal de problèmes parce que tout ça a été bloqué.Donc l’exposition aussi a été renvoyée parce qu’elle a eu des problèmes. On n’a pas pu faire tout ce qu’on voulait faire parce qu’il y avait les distanciations sociales, etc. Mais bon, on a quand même réussi à faire cette exposition.Et là on a pensé bien avec monsieur Garuti, qui comme sa collection est très grande, d’essayer de ramener quelque chose en Afrique. Moi, au même moment, je devais partir avec Nelly, mais elle avait quelques problèmes de santé, à la RDC. Parce qu’elle m’avait aussi présenté son ex-professeur de danse africain, mais c’est un Congolais qui a habité quand même 10 ans, je crois, en Italie. Et qui est reparti à la RDC en faisant un grand projet avec les écoles à côté de Kinshasa.
Donc ils ont tout un village, où ils ont 220 enfants, plus ou moins scolarisés, etc. Donc lui il avait invité Nelly, mais Nelly ne pouvait pas aller, donc il m’a dit, bon, c’est toi qui viens. Alors moi je suis partie la voir. Et là, je suis allée visiter les projets et tout. Et au bout d’un moment, comme on a visité les musées des arts et cultures de Kinshasa, j’avais le catalogue de l’exposition de M. Garuti, qu’on avait fait au château de Paternello, et je suis allée voir le directeur du musée, je lui ai demandé s’il était intéressé à prendre quelques sculptures. Donc eux, ils ont accepté, ils ont envoyé une délégation, ils sont venus en Italie voir les sculptures. Et ils m’ont dit que oui. On les attend encore, parce que là il y a eu des années… Oui, il y a 85 sculptures pour le Congo. Comme M. Giordano, il a sa collection sur toute l’Afrique francophone. Donc la partie qui va au musée de Kinshasa de la RDC, c’est Gabon, Congo, Angola, et cette partie est de l’Afrique. Et par contre, j’ai essayé de contacter aussi quelqu’un qui pouvait s’occuper de la partie ouest, Yoruba, Benin, etc. Oui, Fon, etc. Jusqu’à Abidjan, etc. J’étais allé voir à Paris et j’ai vu un reportage de M. Robert Vallois qui parlait exactement de la restitution des œuvres et qu’il avait fait le musée de la RDC. Et donc, je suis allé voir M. Vallois. je lui ai demandé, est-ce que vous êtes intéressé à rentrer en partenariat, et tout ça. Il m’a dit, bon, moi, je ne sais pas, parce que nous, on a déjà le musée de la RDC, etc. Il m’a dit, bon, si tu veux, je te mets en contact avec M. Zinkpè. Et il m’a dit, parce que lui, il est directeur du centre là-bas, etc. Donc, j’ai dit, ok, d’accord. Et donc, j’ai attendu un jour que M. Zinkpè, il était à Paris. Ça aussi, toujours, c’était le moment juste avant la Covid 19. Donc, j’ai rencontré M. Zinkpè. Je l’ai invité en Italie à voir l’exposition à l’époque qu’on était en train de faire. Et bon, il n’a pas pu arriver en Italie parce que c’était le premier tampon qu’il demandait. Bon, c’était le bordel. Et à la fin, on s’est raté. Et après, tout s’est arrêté pendant deux ans. Ils nous ont tous enfermés. Donc, on a eu la patience. Et après, on a redémarré. Moi, je travaille entre l’Italie, Barcelone et Paris. Donc, j’étais sur Paris et je suis que M. Zinkpè, il était à Paris. Donc, je l’ai recontacté. Et je lui ai dit, bon, écoute, maintenant, on s’assoit et on va voir qu’est-ce qu’on peut faire. Et donc, je l’ai invité à nouveau. Je l’ai invité à nouveau en Italie. Donc, il est venu. Il n’a pas pu voir l’exposition parce que c’était déjà démantelé. Mais je l’ai amené voir toutes les œuvres de la collection de M. Garuti. Oui, l’atelier de M. Garuti, c’est un grand artiste aussi. Parce que lui, à part collectionneur, c’est un artiste très, très grand, très reconnu en Italie. Là, maintenant, il avait fait une superbe exposition au mois de mars, avril, dédiée à lui, dans sa ville, Cremona. Et voilà, il a connu M. Garuti. Et donc, il nous a fait une invitation. Et on était en train de parler. Et il m’a parlé de son projet de musée, du nouveau musée qu’il voulait faire. Parce que moi, j’avais connu le lieu Unik d’Abomey. Mais bon, il m’avait parlé aussi du nouveau musée de la Termitière, etc. Donc, je me suis dit, bon, on va accélérer un peu les choses. Et donc, je l’ai mis en contact avec l’association culturelle et technique, qu’elle est rentrée en partenariat. Donc, il y a une partie de financement, soi-disant. Et c’est comme ça qu’on a commencé à démarrer le travail. Je pense que c’est bien situé le cadre »
Êtes-vous réellement fier d’avoir noué ce partenariat dont les premiers portent l’exposition ’’La danse des ancêtres ‘’ ?
« Je suis très, très contente.J’ai organisé tout ça aussi pour hommager M. Garuti. Parce qu’il vient de fêter ses 95 ans. Parce que, comme c’est un très grand artiste, moi, je me devais de lui faire un hommage.M. Garuti, il a vécu en Afrique. Il a travaillé. Il était ‘’conseiller’’ pour l’exploitation des puits d’eau en Afrique pendant les années 70. C’est son boulot pour avoir de l’argent. Parce que vous savez, les artistes, de temps en temps, ils ne gagnent pas assez, surtout à l’époque. Il parlait toujours de l’Afrique. Je ne sais pas combien c’est la dernière fois qu’il est venu ici.Ça fait de toute façon beaucoup d’années… Il parle toujours de l’Afrique.Alors je lui ai dit, écoute, là, On y va. On va fêter tes 95 ans.Et surtout, surtout que… Sans vouloir. Surtout que, bon, Dominique, il a accepté de recevoir la collection et les œuvres de peinture aussi de Monsieur Giordano et tout ça. Je me suis dit, bon, on va faire tout ça ensemble ».
Au regard de ce que tu as vu sur terrain, quel était ton état d’âme ?
« Moi, je suis très, très content.OK. Il faut demander Monsieur Garutti aussi et Madame Nelly. Mais moi, j’étais hyper ravi parce qu’en plus, je suis allé sur le chantier.Sur le chantier. Nous, on est arrivés il y a une semaine.Je suis allé sur le chantier le lendemain de l’arrivée. Et j’étais là. Je me suis dit, Dominique, je ne sais pas s’il y a rien à trouver.Et en effet, l’autre jour, le jour de l’inauguration, vous avez vu, c’était tout nickel. C’est vraiment… Un grand travail. Un grand espoir.Très sérieux. Très sérieux, exactement ».
Selon vous, quand est ce que les travaux de ce musée prendront fin ?
« Mais vous savez, ça dépend.Madame Nelli est architecte. Moi, j’ai étudié l’architecture avec elle, mais je n’ai jamais rien fait. J’ai fait des trucs à l’intérieur, mais pas… Ça dépend du chantier. Je sais que Dominique est avec l’architecte Koffi Diabaté. Ils sauront nous informer au moment opportun. Mais le plutôt sera le mieux parce que le public de la ville d’Abomey doit avoir accès à ce musée »
Quel sera le visage concret du musée ‘’la Termitière’’, en termes de technique et du contenu ?
« Dans le plan, il y aura la salle des ancêtres, dédiée à Monsieur Garuti Giordano. Avec les sculptures de la collection Garuti et des tableaux aussi. Il y a huit tableaux vrais. Pour les vrais, parce que ce que vous avez vu dans l’exposition, ce sont des reproductions. Ce qu’on fait maintenant. Mais les autres sont des tableaux anciens. C’est des vrais. C’est-à-dire, c’est les peintures. Donc, ce ne sont pas des reproductions.C’est comme si Monsieur Zinkpè donnait »
Un mot pour clore cet entretien.
« Moi, je crois qu’avec ce projet-là, ça va donner beaucoup de visibilité. Déjà Abomey, il doit terminer le travail du Grand Palais, etc. Et je crois que les œuvres qu’ils ont envoyées depuis la France vont être là-bas. Donc là, c’est des trucs très gouvernement. À côté, ce sont des associations particulières, soi-disant. Mais je crois qu’on a besoin aussi de l’appui du gouvernement. Parce que de toute façon, avec ce projet-là, je suis sûr que ça va attirer soit du tourisme, soit de l’intérêt culturel, etc. Vous voyez, c’est exact. C’est surtout un lien entre l’art traditionnel et l’art contemporain. Vous voyez ? Et comme l’art contemporain africain est très riche, autant que l’art ancien, vous voyez, ça va donner comme un pôle. Donc le gouvernement béninois doit aussi accompagner. Ça serait bien qu’ils participent activement pour mettre en réserve tout cet effort que nous sommes en train de faire. Merci »
Propos recueillis par DEDEGNONHOU Rodéric
