En séjour au Bénin, depuis deux (02) mois, M. Vid, acteur clé des sciences politiques, en appui avec M. Georges Agbazahou, Président de l’Association Contes et Légendes d’Afrique Noire (CLAN) ont fait une descente d’exploration dans le Nord-est du Bénin, plus précisément, la commune de Nikki, dans le département du Borgou. A travers une rencontre, M. Vid parle de ce qui l’impressionne en matière de la structuration de la politique traditionnelle du Benin, notamment, celle de ladite commune visitée.
Expert de la culture béninoise, M. Georges Agbazahou a collaboré avec M. Vid dans le but d’explorer et de documenter les structures politiques traditionnelles des communes de Parakou et de Nikki, situées dans le département de Borgou. <<J’ai été impressionné par la bonne organisation de la société et par la manière dont toutes les factions de la société sont représentées dans le processus décisionnel. Le roi a ses ministres, chacun représentant différentes ethnies, religions et griots, les poètes traditionnels d’Afrique de l’Ouest qui tiennent le roi informé de la société. Après tout, le peuple est les yeux du roi et le roi juste représente la volonté de son peuple>>, a exprimé M.Vid.
En termes légèrement différents, poursuit-il, la démocratie devrait également fonctionner selon ce principe. Elle ne devrait pas être quelque chose de rigide et de figé, mais plutôt un système qui s’inspire de la société et évolue en fonction des contributions qu’il reçoit du peuple. Le Bénin est le 15ème pays africain qu’il a visité et pense que les Béninois sont les personnes les plus satisfaites et les plus fières de ce qu’il a rencontrées jusqu’à présent. <<Je pense que leur culture extrêmement riche, leur organisation sociale unique et leurs traditions sont les trois principaux facteurs qui contribuent à cela, car ils protègent la société de la mondialisation culturelle et la rendent unique, ce qui est extrêmement précieux pour la diversité mondiale. Ce n’est que si la diversité existe que nous pouvons apprendre, nous influencer et nous aider les uns les autres. C’est également l’objectif principal que nous nous sommes fixé avec M. Agbazahou. Contribuer à la reconstruction du pont entre nos cultures qui existait autrefois. Je fais ici référence à mon ancien pays, la Yougoslavie, dont les dirigeants, je crois, partageaient avec de nombreux grands dirigeants africains un intérêt sincère pour la création d’un tiers-monde fort, unifié et collectif, fondé sur le respect mutuel, la coopération économique et la lutte contre le racisme, l’impérialisme, le néocolonialisme, l’occupation, l’ingérence étrangère et l’hégémonie des grandes puissances. Et c’est là que réside la solution : si nous reconstruisons ce pont et permettons à l’Afrique de nous enseigner cela, cela pourrait être notre salut et la voie vers un ordre mondial multipolaire juste>>, a-t-il detaillé . Il est à noter que M. Vid est venu de Slovénie. Il a voyagé en voiture le long de la côte ouest de l’Afrique. C’est la deuxième année qu’il s’est sur la route. La raison pour laquelle il est venu au Bénin est en fait la raison pour laquelle il est venu en Afrique. Il a quitté l’Europe parce qu’il ressentait une crise profonde dans tous les domaines de la société occidentale. Une crise des valeurs, de la morale, de la politique et bientôt de l’économie. Presque tout le monde ressent cette crise aujourd’hui, mais personne n’a de réponse pour y remédier, a – t- il deploré. << Nous avons créé des problèmes que nous ne pouvons pas résoudre, ce qui signifie que nous sommes devenus une société paranoïaque et décadente qui a trouvé une solution dans la militarisation, qui nous procure d’un côté un faux sentiment de sécurité, mais qui de l’autre menace la paix et la stabilité mondiales. La démocratie est devenue une farce, une illusion du pouvoir du peuple, pour légitimer le pouvoir des élites. À la recherche de réponses et d’alternatives à l’organisation sociopolitique existante en Europe, il s’est tourné vers l’Afrique.
DEDEGNONHOU Rodéric