Ce vendredi 26 septembre 2025, Orano a annoncé qu’un tribunal arbitral international s’était prononcé en sa faveur dans le différend qui l’oppose au Niger concernant la mine d’uranium gérée par la Société des mines de l’Aïr (Somaïr). Ce jugement survient dans un contexte de tensions plus larges impliquant retrait de permis, suspension de production et nationalisation annoncée.
Le bras de fer entre Niamey et le géant français de l’uranium a connu un tournant décisif. Dans un communiqué rendu public ce vendredi 26 septembre, Orano signale que le tribunal arbitral constitué sous l’égide du Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements(CIRDI) a enjoint à l’État nigérien de ne pas vendre, céder ni faciliter le transfert à des tiers l’uranium produit par Somaïr, en violation présumée des droits de l’entreprise. « Le tribunal arbitral a enjoint à l’Etat du Niger de ne pas vendre, ni céder, ni même faciliter le transfert à des tiers de l’uranium produit par la Somaïr retenu en violation des droits d’Orano, comme celui-ci le demandait », affirme l’entreprise dans ledit communiqué. Le groupe souhaite ainsi faire valoir ses droits d’ « offtake » (prises de livraison) sur la production.
Depuis juin 2025, le Niger a annoncé la nationalisation de la Somaïr, coentreprise dans laquelle Orano détient 63,4 % des actions, tandis que l’État nigérien, via la SOPAMIN (Société du Patrimoine des Mines du Niger), possède 36,6 %. Le gouvernement accuse Orano d’avoir capté de façon disproportionnée la production, alléguant qu’au fil des décennies la société française aurait exploité jusqu’à 86,3 % de l’uranium extrait, bien au-delà de sa part théorique. Orano, de son côté, dénonce une décision unilatérale portant atteinte à ses droits contractuels et à ses investissements dans le site.
Un contexte politique et stratégique tendu
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tensions accrues entre Niamey et Paris depuis le coup d’État de 2023. Le Niger, riche en uranium, cherche à reprendre le contrôle sur l’exploitation de ses ressources. La nationalisation touche à la souveraineté énergétique revendiquée par le régime militaire.
Si cette décision arbitrale est une victoire symbolique, sa mise en œuvre dans le contexte politique nigérien pourrait être difficile. Le Niger pourrait contester ou retarder son exécution ce qui conduirait à un rebondissement entre tensions diplomatiques, arbitrages internationaux et enjeux industriels.
Ezéchiel Dagbégnon PADONOU