A quelques mois de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Patrice Talon, la situation du reversement des Aspirants au métier de l’Enseignement est toujours sujet à polémique même au sommet de l’État. Malgré les nombreuses promesses de l’Exécutif non réalisées à ce jour, mais qui continuaient de donner une certaine assurance aux Ame, c’est la vice-présidente, Mariam Chabi Talata et le président de l’Union progressiste le Renouveau, Joseph Djogbénou qui enfoncent un clou dans la plaie avec des propos très chocs.
Les Aspirants au métier de l’Enseignement seront-ils vraiment reversés en 2025 ou avant la fin du second quinquennat de Patrice Talon? C’est la question qui taraude les esprits des milliers de Béninois après les récentes déclarations de la vice-présidente, Mariam Chabi Talata et du président de l’Union progressiste le Renouveau, Joseph Djogbénou lors d’une descente politique à N’dali au cours de laquelle les deux personnalités sont revenues sur le sujet qui défraie la chronique. Dans ses propos, Mariam Chabi Talata, vice-présidente de la République, mais précédemment enseignante, a laissé entendre : « on ne va pas céder aux pressions qui ne tiennent pas compte des impératifs liés à l’obligation de résultats dans l’enseignement pour prendre des décisions. Moi je trouve que c’est une sorte de chantage. Vous êtes 30.000 et que derrière vous, il y a 3 millions mais derrière tous les Béninois, il y 14 millions. Parmi eux il faut assurer l’éducation de qualité à plus de 7 millions, 8 millions de Béninois ». A son tour, le président de l’Union progressiste le Renouveau, Joseph Djogbénou a indiqué devant des militants et cadres locaux que « si nous faisons par démagogie le reversement, la route que nous faisons jusqu’à Malanville nous aurons des problèmes, nous aurons des problèmes d’électricité, d’eau, d’infrastructures, d’industrialisation, de transformation des produits ». Ces différentes interventions de ces deux personnalités qui sont très actives dans l’appareil gouvernemental ne font que confirmer la crainte de certains béninois qui étaient déjà très sceptiques par rapport à la concrétisation ou non des promesses du gouvernement qui a annoncé le reversement des AME en 2025. Ils ont carrément jeté de l’essence dans le feu. Dans les rangs des AME, la déception est très visible impliquant même une démotivation progressive qui pourrait avoir des répercussions sur la qualité de l’enseignement. Pour beaucoup d’aspirants, ces propos résonnent comme une cuisante défaite, car non seulement ils réduisent à néant leurs espoirs immédiats d’intégration, mais ils confirment aussi que le gouvernement ne compte pas céder à la pression sociale ou syndicale. D’ailleurs, pour ceux qui savent le mode de fonctionnement de ce gouvernement, ils ne sont guère surpris. Ils avaient conscience que c’est juste une stratégie pour mettre les AME en confiance.
Wilfried Léandre Houngbédji en mode assurance
Fidèle à sa mission de défendre les actions du gouvernement et face aux remue-ménages que suscitaient les différents propos, le Secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji n’est pas resté sans mot dire. Profitant d’une de ses nombreuses sorties, il a réitéré les fermes assurances du gouvernement à reverser les Aspirants au métier de l’enseignement. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, a réaffirmé que le gouvernement fera le reversement des Ame en 2025, comme prévu dans le budget de l’année. Selon lui, la position de l’exécutif béninois n’a pas changé et il n’y a aucune raison de s’inquiéter quant à la mise en œuvre de cette décision. Faut-il le rappeler, le gouvernement avait précédemment annoncé un reversement progressif des aspirants, avec un comité mis en place pour étudier la faisabilité de cette mesure. Wilfried Léandre Houngbédji avait indiqué que le budget 2025 prévoyait le reversement de 3000 à 3500 Ame, mais finalement, le gouvernement a décidé de prendre des mesures de revalorisation salariale pour l’ensemble des 31 270. Le seul bémol se trouve dans la véracité ou non de ses propos du porte-parole du gouvernement surtout quand on sait le poids de l’électorat que constituent les Ame en ces veilles des élections générales de 2026. Pour beaucoup, ces assurances ne visent qu’à amener les aspirants à adhérer aux idéaux du candidat de la mouvance et à œuvrer pour une continuité de la dynamique. Toutefois, les Ame ont tout intérêt à faire preuve de vigilance. Comme quoi, les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient.
Mohamed Yèkini